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Georges Moustaki


Savant mélange fleurant bon le soleil de Méditerranée, la tolérance, l’engagement, l’amour des autres, Georges Moustaki fut un hédoniste passionné qui suggèrait de faire « de chaque jour, toute une éternité d’amour » …  Ses chansons étaient à son image : intemporelles et délicates, prônant la liberté. 

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Dans l’ombre des plus grands


Auteur, compositeur, interprète, il n’était pourtant pas destiné à connaitre un tel succès ni même la notoriété, mais plutôt à œuvrer dans l’ombre. C’est auprès des plus grands que Georges Moustaki a connu la lumière presque malgré lui.

 

Auteur compositeur pour Édith Piaf, avec qui il démarre une carrière artistique, mais pas que… De cette relation amoureuse et musicale, la chanson Milord sortie en 1958 est l’illustration d’un avenir étoilé. Le morceau rencontre un succès immédiat.

Il écrit également pour Barbara La Dame Brune qui lui vaudra ce surnom à vie, ou encore Ma Solitude pour Serge Reggiani, et tant d’autres…

Il écrit pas moins de 500 chansons, toutes nées d’une inspiration sans faille et couchée sur un papier comme naissent des miracles : « Une chanson surgit du néant. J’ai eu une fille dans ma vie : c’est un miracle. Pour les chansons, c’est pareil, presque un miracle à chaque fois. Je considère ­qu’elles sont un peu mes enfants. Donc chacune est ma favorite. (…) Quand Reggiani ou Barbara me demandaient une chanson, j’avais l’impression de ne pas savoir faire. Et pourtant j’y arrivais. Je l’ai fait pendant cinquante ans. ».

Il adhère à la Sacem le 23 janvier 1956, en qualité d’auteur, puis en tant que compositeur le 4 septembre 1956. En mars 1966, il en devient sociétaire définitif.

Enfin devenu chanteur


Si Le Métèque reste « la » chanson indissociable de l’artiste, l’histoire est belle et illustre parfaitement ce qui les lie à jamais.
Écrite en 1969 pour Serge Reggiani, il la refuse et lui suggère de chanter lui-même ce qui semble être sa propre histoire. Georges Moustaki, alors compositeur et loin de songer à devenir chanteur, se prend au jeu. Aucune maison de disque n’accepte la maquette, à l’exception de la maison Polydor : « Un autoportrait de l’artiste ? Pourquoi pas… on essaye ».
Le résultat est celui que nous lui connaissons. Elle incarne cet étranger de qui il ne faut pas avoir peur, faisant écho à ses origines : né un 3 mai 1934 à Alexandrie en Égypte, sous le nom de Giuseppe Mustacchi, de parents grecs à la religion juive et parlant italien... Ce « métèque », cette insulte qu’il rend chantante plutôt qu’effrayante, ce personnage déraciné, ou exilé, chanté par Melina Mercouri en 1966 avec O Metikos qu’elle rend célèbre en Grèce. Et toujours d’actualité en 2006 lorsque Joey Star sample le morceau et sort « Métèque ».
Plus d'informations sur l'histoire de ce titre ici

Engagé poétiquement


Ses textes racontent et traduisent ses engagements. Si Georges Moustaki ne cache pas certaines de ses idées, quelques chansons parlent pour lui, ou lui parle à travers elles. Lorsque sa fille Pia évoque sa discographie, c’est la chanson « Ma Liberté » qu’elle considère comme la plus belle et la plus représentative : « C'est l'éloge de la liberté, que ce soit la liberté de la presse, la liberté de l'individu, la liberté d'un peuple. Je pense que c'est un grand mot qui devrait être en majuscule dans toutes les mémoires ».

Il aime raconter l’importance de l’amour, du bonheur, aborde la révolution, l’exil… Mais toujours avec douceur, finesse et élégance.
Léo Ferré lui dit un jour : « Je crois qu’au fond, tu murmures ce que je hurle ». Georges Moustaki est un révolté tendre et poétique. Il n’a jamais caché son admiration profonde pour un autre grand engagé tout aussi poète : Georges Brassens. Né Joseph, c’est de lui qu’il tire son nom de scène.

Au début des années 80, il apprend l’accordéon et collabore avec des artistes comme Richard Galliano, Joe Rossi, Paco Ibanez… Il découvre la musique haïtienne et parcourt les scènes du monde entier.

Auteur d’une vingtaine d’albums studio, d’une dizaine d’enregistrements en public et d’une douzaine de musiques de films, Georges Moustaki s’est éteint le 23 mai 2013 à Nice, à l’âge de 79 ans. 

Crédit photo haut de page : United Archives / Impress Eigen / COLLECTION CHRISTOPHEL