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Hommage
Serguei Prokofiev
Opéras, symphonies, ballets, concertos pour piano… il fut un compositeur, un pianiste et un chef d’orchestre prolifique.

Prokofiev comme Mozart, 5 ans et déjà prodiges

Si Mozart fait office de référence en matière de création précoce et génie artistique, le compositeur Sergueï Prokofiev le fut également.

Né en le 27 avril 1891 en Ukraine, c’est à 5 ans, qu’il compose sa première œuvre en mode Lydien intitulée Indian Gallop. C’est auprès de sa mère, pianiste, qu’il apprend et développe son art.
À seulement 9 ans, il compose son premier opéra Le Géant, dans un style déjà bien affirmé. Mesurant son talent, elle l’envoie à Moscou étudier le piano, avec le compositeur russe Glière. Il intègre quelques années plus tard le conservatoire de Saint-Pétersbourg à 13 ans, sous la houlette de Rimski-Korsakov.

Affirmé et visionnaire malgré son jeune âge

Durant ses 10 années au conservatoire, Sergueï Prokofiev ne cesse de proposer autre chose que cet enseignement académique et trop conservateur pour lui.

Il explore et se tourne vers les œuvres plus contemporaines et avant-gardistes de Claude Debussy, Richard Strauss ou Arnold Schönberg.
Il obtient, malgré sa réputation d’anticonformiste, le prestigieux prix Rubinstein pour son Concerto pour piano n°1. Prokofiev commence à s’ouvrir au monde et rencontre, lors d’un voyage à Londres, l’imprésario et inventeurs des Ballets Russes, Serge de Diaghilev. Il compose pour lui plusieurs ballets dont Chout, Le Fils prodigue.

L’exil

En 1918, sous un climat de Révolution Russe, le compositeur qui était plutôt sympathisant des idées progressistes, décide de suivre Stravinsky dans l'exil, non pas pour raisons politiques mais à la recherche de calme et apaisement indispensables à sa créativité. Il conserve des relations avec le pays. Il part aux États-Unis et trouve un public attiré par ses origines.
Ça ne dure pas, le contexte politique ne jouant pas en sa faveur. Il composera tout de même une de ses œuvres les plus célèbres : L’Amour des trois oranges en 1920.

Son côté avant-gardiste passe pour incompris, il trouve alors refuge en Europe. Il pose ses valises à Paris quelques années. À 32 ans, le 11 mai 1923, il devient sociétaire définitif de la Sacem. Il rencontre des peintres, comme Pablo Picasso et Henri Matisse qui fait de lui un portrait au fusain.

Il crée en 1928 Le Pas d’acier pour Diaghilev. La distance d’avec son pays d’origine se fait de plus en plus pesante, il décide de rentrer en Russie.

Roméo et Juliette … Alexandre Nevski … Pierre et le Loup …

Entre critiques et admirations (il est accusé d'avoir un style « bourgeois »), c’est une période nouvelle et prolifique qui s’ouvre à lui, notamment dans le 7eme art.
Entre 1932 et 1934, Alexandre Feinzimmer lui demande d’écrire la musique du film Lieutenant Kijé. Sergueï Eisenstein, autre grande figure du cinéma, laisse à Prokofiev l’art de composer le thème musical de plusieurs de ses films dont Alexandre Nevski en 1938 ou Ivan le Terrible en 1945.
Il enchaine un an plus tard avec le ballet de Roméo et Juliette à la prospérité retentissante, que nous lui connaissons encore aujourd’hui. Enfin un immanquable pour tout enfant s’éveillant à la musique classique, le conte musical de Pierre et le Loup en 1936 !

Malheureusement, le régime russe autorise principalement les compositions à la gloire du régime et s’ouvre assez peu aux créations artistiques, quel que soit le domaine. La Cantate pour le 20eme anniversaire de la révolution d’Octobre, œuvre patriotique de 1937, ne suffira pas à faire de lui l’enfant prodigue du pays… L’opéra Guerre et Paix en 1942, reste un de ses plus grands chefs d’œuvre, composé dans un climat d’anxiété politique et personnelle.

Suite à des problèmes cardiaques à répétition, Sergueï Prokofiev décède une heure avant Joseph Staline le 5 mars 1953.

Par Célyne de Mazières.
Photo en haut de page © Boris Lipnitzki/Roger-Viollet