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Hommage
Yvette Horner
Virtuose de l'accordéon, reine du bal musette

Hors norme. C'est le titre d'un de ses albums, c'est aussi le qualificatif qui lui convient le mieux. Au cours de sa longue et riche carrière, Yvette Horner a embrassé tous les genres, tous les styles, avec flamboyance et une seule constante : la virtuosité.

Née Hornère le 22 septembre 1922 à Tarbes, c'est au conservatoire local puis à celui de Toulouse qu'elle fait ses premières gammes. Prix de piano à 11 ans, elle adopte ensuite l'accordéon sur l'insistance de sa mère qui pensait qu'elle pourrait ainsi faire carrière dans un domaine jusqu'ici plutôt masculin. Élève du compositeur et pédagogue anticonformiste Robert Bréard, la jeune Yvette remporte la Coupe du monde de l'instrument en 1948, suivie du grand prix international de Paris et du grand prix de l'Académie Charles Cros, deux ans plus tard pour son premier enregistrement, Le jardin secret d'Yvette Horner.

Durant onze années, de 1952 à 1963, accordéon autour du cou, elle sillonnera et animera les étapes du Tour de France, debout sur le toit d'une voiture. Un exploit, physique et musical, qui accroîtra encore la popularité de celle que l'on surnomme désormais la Reine du piano à bretelles.

Un titre qu'elle défendra tout au long de plus de 2000 concerts et 150 disques écoulés à 30 millions d'exemplaires, avec 285 œuvres à son répertoire, comme "La Valse des mineurs", "Mon Tour de France" ou "Le plus beau jour du monde", et un prix Sacem de la musique instrumentale de variétés en 1988.

Virtuose devenue icône, habillée par Jean-Paul Gaultier à partir de 1991, on verra alors sa crinière rousse survoler de nombreux évènements marquants, comme le bicentenaire de la Révolution place de la Bastille en 1989, le ballet du Casse Noisette de Tchaikovski chorégraphié dix ans après par Maurice Béjart (qui dira d'elle : "elle est à cheval entre le savant et le populaire") ou la tournée de La plus Grande Guinguette du Monde, aux côtés d'instrumentistes comme André Verchuren ou Louis Corchia.

Championne de l'accordéon, des bals popus aux clubs branchés, Yvette Horner ne s'est pourtant nullement cantonnée dans la valse musette. Elle a abordé classique, country, jazz, pop ou électro dance avec la même maestria, a collaboré avec des musiciens prestigieux comme Samson François, Marcel Azzola, Jack Berrocal, Richard Galliano, Didier Lockwood, Quincy Jones, Charlie McCoy, a enregistré un duo avec Boy George et a participé à l'album Bichon de Julien Doré.

En 2005, Yvette Horner a vendu sa maison de Nogent sur Marne et mis aux enchères des objets personnels au profit de l'Institut du cerveau et de la moëlle épinière et de la lutte contre le cancer. La même année, est parue son autobiographie, intitulée Le Biscuit dans la poche. Elle nous quitte le 11 juin 2018.

Devenue un mythe national, celle que l'on a surnommé affectueusement Vévette ou "Notre Dame de l'accordéon", n'a jamais cessé de célébrer ses deux passions : la musique et la vie.

En savoir plus

Podcast
Janvier 1990 : Philippe Barbot se rend à Nogent sur Marne, chez l’accordéoniste la plus branchée, habillée par Jean-Paul Gaultier et qui vient d’enregistrer un album sur lequel elle reprend des airs de Michael Jackson et David Bowie. Une maison où tout est en forme de piano à bretelles.

Elle apparaît dans la série consacrée aux femmes créatrices de musique.

Et retrouvez l'intégralité des archives Sacem d'Yvette Horner sur sa fiche.


L'auteur

Philippe Barbot

Philippe Barbot, journaliste musical de Télérama à Rolling Stone, est aussi l'auteur d’une biographie d'Alain Bashung, de"Backstage"et de "101 Chansons Cultes".
Auteur compositeur interprète, il a publié deux albums de chansons, "Point Barre" et "Dynamo".