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Hommage
Jean Dréjac

Qui n’a pas déjà dansé ou fredonné « Ah le Petit Vin Blanc » … ritournelle qui continue d’animer les premiers repas des beaux jours, les soirées d’été ou celle de l’automne et sa célèbre période des vendanges. Ce refrain qui met Nogent à l’honneur et son « petit vin qu’on boit sous les tonnelles, quand les filles sont belles », et cela depuis 1943 !

Jean Dréjac est l’auteur de cet incontournable succès marquant les joies la Libération, chanté à l’époque par Lina Margy et toujours populaire aujourd’hui. Sortie en 78 tours, la partition s’est vendue à 1,5 million d’exemplaires.

Jean Dréjac, de son vrai nom Jean André Jacques Brun, Dréjac contraction de ses deux autres prénoms, est né en 1921 à Grenoble de parents gantiers. À 17 ans il se lance dans le music-hall suite à un concours gagné, organisé par Radio Cité. Il monte à Paris et se produit au Petit Casino ou aux Folies Bergères. Sa rencontre avec Charles Borel-Clerc, compositeur du tube « Ah le petit vin blanc ! », est le point de départ de sa florissante carrière.

L’Après-guerre et Édith Piaf

Cependant le succès n’arrive qu’après-guerre. C’est en renonçant à devenir interprète qu’il devient ce fantastique parolier. Auteur de plus 500 textes, il fera chanter les plus grands tels que Serge Reggiani, Georges Guétary, Juliette Gréco…

Il faut attendre 1950 pour qu’une des plus célèbres interprètes du moment, la bien nommée Édith Piaf, inscrive plusieurs titres à son répertoire et faisant par là même décoller la carrière de l’artiste. « Le chemin des forains » en 1955, mais surtout l’adaptation française de « L’Homme à la Moto » en 1956 qui rencontre le succès qu’on lui connait. Nicoletta lui offre une seconde vie en 1967.

«Sous le ciel de Paris », « La Chansonnette » et autres grands succès

En 1950, autre grand succès : « Sous le ciel de Paris »… Écrite pour le film éponyme, de Julien Duvivier, elle est chantée par Jean Bretonnière ou Juliette Gréco puis deviendra emblématique du répertoire d’Édith Piaf en 1954. Yves Montand dix ans plus tard est séduit par les textes de Jean Dréjac, poussant ainsi « La Chansonnette » en 1961 ou « Rengaine ta rengaine » cette même année.

Michel Legrand, Serge Reggiani …

Dalida, Line Renaud, Tino Rossi, Sacha Distel, France Gall, Charles Aznavour … comptent parmi les nombreux et prestigieux interprètes reprenant les textes de l’auteur. Sa collaboration avec Michel Legrand donne naissance à des succès indissociable de l’artiste : « Oum le Dauphin » en 1970, « Un ami s’en est allé » en 1975. La chanson « L’Été 42 », paroles de Jean Dréjac, value à Michel Legrand l’Oscar de la meilleure musique de film en 1972 !

Autre interprète important dans le parcours de l’artiste : Serge Reggiani, avec qui il collabore et lui vaut quelques grands succès tels que « Dans ses yeux », « Rupture » ou encore « Édith » en 1971, jusqu’en 2000 où sortent « Enfants soyez meilleurs que nous » ainsi que « Les quarantièmes rugissants ».

Prix et récompenses

Une carrière aussi riche en collaborations ou succès entrainent prix et récompenses. En 1950 lui est décerné le prix de l’ABC pour « La chanson de Paris » de Jean Sablon. Puis s’ensuivent, le Prix Édith Piaf, le Prix des Komsomols soviétiques pour sa chanson « Octobre ».

Grand défenseur de la chanson française, il est passé de secrétaire adjoint à la Sacem entre 1967 et 1969 à administrateur et vice-président du conseil d’administration entre 1977 et 2002. Il reçoit en 2002 le Grand Prix Sacem de la chanson française pour l’ensemble de son oeuvre.

Décédé en 2003, nous continuons de pousser la chansonnette, et trinquons au petit vin blanc … sous les tonnelles ou ailleurs, mais toujours en son honneur !

Célyne DF Mazières