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Hommage
Hommage à Joe Dassin
Il y a quarante ans, Joe Dassin nous a quittés. Presque autant d’années se sont aujourd’hui écoulées, que celles qu’il a vécues, intensément, brillamment… de New-York à Tahiti, en passant par sa terre de cœur et de musique, la France.

Aujourd’hui, son œuvre résonne toujours dans notre mémoire collective avec une modernité restée intacte. Joe Dassin incarnait la rencontre parfaite et presque magique entre une voix, des mélodies et des textes qui nous accompagnent de génération en génération.

Joe Dassin (c)Jean-Pierre Leloir/Gamma Rapho
Né le 5 novembre 1938 à New York, Joe Dassin est le fils du réalisateur Jules Dassin, américain dont la famille avait émigré d’Odessa en Ukraine, et de la violoniste et virtuose Béatrice Lautner. A la fin des années quarante, la famille doit fuir le maccarthysme, s’expatrie en Europe et s’installe à Paris en 1950.

Joe Dassin poursuit des études secondaires en Suisse et obtient son baccalauréat à Grenoble, avant de retourner aux Etats-Unis, pour y faire ses études supérieures. Son master d’anthropologie en poche, il revient en France et enchaîne les petits métiers pour gagner sa vie, notamment comme apprenti comédien ou assistant sur les tournages de son père.
Il a également été assistant-réalisateur sur le film What’s new Pussy Cat ? , de Clive Donner, en 1964 et travaillé comme animateur sur la station de radio RTL.

A cette époque, Joe Dassin rencontre celle qui deviendra son épouse, Maryse Massiera, lors d’une soirée organisée par Eddie Barclay.

Naissance d’une vocation

Joe Dassin adore Georges Brassens et aime chanter des chansons de folk-song à la guitare, comme il le faisait dans les bars quand il était étudiant aux Etats-Unis. Afin de faire une surprise à son mari, Maryse Massiera l’enregistre et confie la bande à l’une de ses amies, Catherine Regnier, secrétaire chez CBS Records.

À l'écoute de la bande, la maison de disque remarque la voix unique de Joe Dassin et lui propose de signer un contrat. Malgré les échecs de ses deux premiers quarante-cinq tours, il en enregistre un troisième, en 1965, qui remporte un premier succès d’estime avec la chanson Bip bip, signée du tandem Jean-Michel Rivat et Frank Thomas.

Joe Dassin (c)Bob Lampard-Rancurel/Dalle
Le 31 décembre 1965, Jacques Souplet, nouveau PDG de CBS France, lui présente Jacques Plait qui devient son directeur artistique. Ils ne se quitteront plus jamais. Sous sa direction, il sort un nouveau quarante-cinq tours qui comprend notamment les titres Ça m’avance à quoi (texte de Georges Liferman) et Comme la lune (Jean-Michel Rivat) qui bénéficie d’énormes passages en radio.

La même année, Joe Dassin se rend au Centre américain d'étudiants et d'artistes, au 261 boulevard Raspail, où a lieu tous les mardis soir le « hootenany », scène ouverte animée par Lionel Rocheman. Alors qu’il était à la recherche d’un joueur de banjo, il y rencontre celui qui deviendra son parolier et ami intime, l’auteur Claude Lemesle.

En 1966, son premier album « Joe Dassin à New-York » remporte l’adhésion du public grâce à de nombreuses diffusions radio, notamment pour les titres Excuse Me Lady et Guantanamera (Jean-Michel Rivat).

L’année suivante, « l’étoile » Dassin monte… avec la première partie en tournée de Salvatore Adamo et la sortie de l’album « Les deux mondes de Joe Dassin ».
Si Jean-Michel Rivat et Frank Thomas signent la grande majorité des textes, Claude Lemesle apparaît pour la première fois comme auteur avec trois chansons. L’artiste est désormais connu et apprécié de son public, mais n’est pas encore une vedette.

Mai 68, Dassin devenu star

Joe Dassin et Claude Lemesle
La grève de mai 1968 paralyse les stations de radio qui, outre les actualités, diffusent de manière quasi ininterrompue des programmes musicaux. La bande-son de ce mois de mai intègre un nouveau titre de Joe Dassin : Siffler sur la Colline, écrit par Jean-Michel Rivat et Frank Thomas. Une fantaisie douce qui consacre Joe Dassin comme véritable star de la chanson en France, obtenant le premier d’une future longue liste de disques d’or.

Dès 1968, Joe Dassin fait appel à Pierre Delanoë qui écrira pour lui Ma bonne étoile, Le Petit pain au chocolat, C’est la vie Lily et Champs Elysées, qui rayonne à l’international. Joe Dassin crée sa propre maison d’édition avec Jacques Plait et en octobre 1969 monte pour la première fois en vedette sur la scène de l’Olympia.

Les années 70 s'ouvrent sous d'excellents auspices. Paré de son mythique costume immaculé, qui lui avait été conseillé par Jacqueline Salvador, Joe Dassin est numéro 1 des ventes de disque. Il travaille désormais avec les auteurs et complices Pierre Delanoë et Claude Lemesle. Une grande histoire d’amitié lie les trois hommes.

Claude Lemesle raconte :
« Joe répétait toujours : " Cherchez, cherchez, dans le nirvana des chansons, la phrase existe !" ».

En 1975, les deux auteurs écrivent L’été indien, qui restera le plus grand succès de Joe Dassin.
Puis, les chansons Ça va pas changer le monde, A toi, Il faut naître à Monaco, Et si tu n'existais pas, Il était une fois nous deux, Dans les yeux d’Emilie et Le dernier Slow trônent dans les hit-parades.

Auteur, entre autres, des chansons La Fleur aux dents, L’équipe à Jojo, Salut les amoureux, Dans Paris à vélo et tant d’autres, Claude Lemesle confie : « Joe Dassin était un homme de culture, discret, mais rempli d’humour. Travailler à ses côtés fut une formidable expérience humaine ».

Joe Dassin a d’ailleurs composé les musiques de quelques chansons écrites par Claude Lemesle, pour son ami Carlos (Señor Meteo, Big Bisou et Le Bougalou du Loup Garou).

En 1978, Joe Dassin épouse Christine Delvaux, avec qui il aura deux garçons, Jonathan et Julien.
En 1979, il monte une dernière fois sur les planches de l’Olympia.
Le 20 août 1980, Joe Dassin nous a quittés à l’âge de 41 ans, à Papeete (Tahiti).

Il restera à jamais un artiste majeur dont les œuvres, qu’elles soient teintées de touches romantiques, mélancoliques, fantaisistes, réalistes ou festives, vivent, plus que jamais, dans le cœur des gens et au sein du patrimoine musical français et international.

crédit photo : Rancurel/Dalle