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Hommage
Jacques Offenbach
Un compositeur acharné sous une apparente légèreté
Il y a 200 ans naissait à Cologne le violoncelliste et compositeur français d'origine allemande Jacques Offenbach, créateur de l'opéra-bouffe français.

Un regard malicieux, des lorgnons posés sur le nez, moustache et rouflaquettes, le front dégarni : Jacques Offenbach a été immortalisé par Nadar. Le photographe, qui est aussi son ami, y voit le croisement entre un coq et une sauterelle.

Mais au fond, qui se cache derrière ce portrait un peu énigmatique ? Un compositeur de génie qui a élevé l’opéra bouffe au même rang que l’opéra, c’est évident ; un entrepreneur de spectacles aussi ; un homme de caractère, également : toute sa vie en témoigne.

Jacques Offenbach est surtout un inconnu célèbre, auteur de 650 œuvres qui ne sont pas que de légers divertissements. On lui doit en effet de la musique religieuse, des mélodies, des ballets, des concertos, des œuvres pour violoncelles, en plus de ses opéras bouffe et de ses opéras-comiques.

© Nadar/Kharbine-Tapabor

La jeunesse musicale d'un virtuose

Tout commence en musique pour Offenbach : « je suis venu au monde à Cologne : le jour de ma naissance, je me rappelle parfaitement qu’on me berçait avec des mélodies ».

À l’âge de 45 ans, le compositeur s’amuse à faire croire au journaliste qui l’interroge qu’il a une mémoire infaillible. Ou peut-être se moque-t-il de lui-même, d’ailleurs. Facétieux Offenbach !

Les premiers succès

Les portes de l’Opéra-Comique lui restent fermées, mais une autre institution va faire appel à lui.

Le 15 octobre 1850, il est embauché à la Comédie Française pour diriger l’orchestre. Ce poste lui est proposé par le nouvel administrateur de l’institution, qui le tient en haute estime. Offenbach devient le chef d’une formation de vingt musiciens. André Martinet, l’un des premiers biographes du compositeur, en parle comme d’un « assemblage ridicule de quelques violons accompagnant du même éternel motif l'apparition de Phèdre, ou l'entrée de Mascarille, cette réunion de musiciens privés de chef ».

L'apogée d'une carrière

1858 est une année à marquer doublement d’une pierre blanche pour Offenbach.

D’abord, l’interdiction de faire jouer sur scène plus de quatre personnages tombe.

Et cette liberté de création va lui permettre de se lancer dans un nouveau projet, un « grand opéra bouffe mythologique », pour lequel il va travailler dur et dépenser sans compter. Décors, costumes, artistes, publicité : rien n’est trop beau pour Orphée aux Enfers.

De la Gaité jusqu'à New York

L’empire est tombé, la Commune est passée et une nouvelle période de créations s’annonce pour le compositeur, lorsque les théâtres finissent par rouvrir : Le roi Carotte (1872), Pomme d’Api (1873), Bagatelle (1874), Le voyage dans la lune (1875), La jolie parfumeuse (1875), Madame Favart (1878). Chaque œuvre connaît un vrai succès, à l’exception de Fantasio (1872).

Les Contes d'Hoffmann, testament musical

Rentré en France, Offenbach se remet à la table de travail : Pierrette et Jacquot (13 octobre 1876), La boîte au lait (3 novembre 1876), Le docteur Ox (26 janvier 1877), La foire Saint-Laurent (10 février 1877), Maître Péronilla (13 mars 1878) connaissent des fortunes diverses.

L'auteur

Thierry Geffrotin

Ex-rédacteur en Chef à Europe1, Thierry Geffrotin a une longue expérience du journalisme. Musicien, il joue de l’orgue et du clavecin. Le chant est l’une de ses autres passions.
Il a donné des concerts au clavier, seul ou en petite formation, et a été membre de plusieurs ensembles vocaux.
Thierry Geffrotin est l’auteur de « Mozart pour les Nuls (First Editions) et d’un Que Sais-Je sur « Les 100 mots de la musique classique » (PUF). On lui doit également des biographies audio de Mozart, Chopin et Brahms parues aux éditions Eponymes. 
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