Née à Bamako, Aya Danioko grandit à Aulnay-sous-Bois. Adolescente sensible, elle se raconte dans un journal intime, puis se met à écrire des chansons. En 2014, une amie la filme dans sa cuisine et poste « Karma » sur Facebook. La machine à likes s’emballe.
Aya a besoin d’un nom d’artiste. Elle l’emprunte à Hiro Nakamura, personnage de la série américaine « Heroes », doté d’un pouvoir temporel, qui a inspiré à Soprano l’un de ses plus grands succès quatre ans auparavant.
Quelques mois plus tard, Aya Nakamura poste son premier clip sur YouTube. « J’ai mal », zouk love redoutable de sensualité, donne à voir la future diva cheveux dénoués. Amoureuse, mais aussi jalouse, possessive et inquiète, Aya envoûte de sa voix de sirène lascive. Il faut avoir des bouchons de cire pour ne pas se mettre à fredonner « Ouh bébé, dis-moi où t’étais, Qu’est-ce tu faisais, Tu sais j’m’inquiétais, J’suis remplie de haine, j’suis remplie de peine, j’ai mal à la tête ! ».
Conquis, William Edorh, boss du label Rec.118 (Warner Music France) la signe.
Journal intime, premier album au titre faisant écho à l’adolescence de l’artiste, paraît en 2017. Loveuse de pop urbaine, Aya Nakamura se cherche encore. Elle mettra dans le mille l’année suivante, avec Nakamura, qui sera disque de diamant en octobre 2020.
Un deuxième opus annoncé par « Djadja », que l’interprète a choisi comme premier extrait.
Défricheuse de beatmakers, Aya a jeté son dévolu sur l’équipe du Side (Aloïs Zandry, Machynist et Some1ne) pour lui produire cette afropop ultramoderne. Brillante toplineuse, la chanteuse trace une voie mélodique aussi percutante que variée. L’auteure y pose sa langue innovante et efficace.
En plus de « Djadja », qu’elle fait passer dans le langage populaire pour désigner un menteur, Aya Nakamura façonne de nombreuses expressions qui sonnent et se retiennent. Si « Djadja » la diffame (« J’entends des bails atroces sur moi […] À c’qu’y paraît, j’te cours après […] Tu parles sur moi, y’a R, Crache encore, y’a R », « Tu jouais le grand frère pour me salir ») en roulant des mécaniques (« D’après les rumeurs, tu m’as eue dans ton lit ») et se vantant de l’avoir possédée comme un chaud lièvre (« J’suis pas ta catin Djadja, Genre en catchana baby tu dead ça »), Aya garde de la hauteur et de l’élégance (« J’pourrais t’afficher, mais c’est pas mon délire […] J’suis pas ta daronne, j’te f’rai pas la morale » ), sans toutefois fermer les yeux sur la malveillance du macho frustré (« Le monde est ti-peu […] Le jour où on se croise, faut pas tchouffer »).
Sorti le 6 avril 2018, « Djadja » sera certifié diamant cinq mois plus tard. Quadruple platine en Belgique et en Espagne, double platine en Italie et aux Pays-Bas, platine au Portugal, or en Allemagne, Suisse et Canada, argent au Royaume-Uni, Grand Prix du répertoire Sacem à l’export en 2020, Grand Prix de la SDRM… la carte de visite de Nakamura fait entrer la native d’Aulnay-sous-Bois dans le carré VIP des divas mondiales.
Accumulant depuis des certifications dans plus de vingt pays et plusieurs milliards de vues sur YouTube, Aya Nakamura n’a pas fini de donner des leçons à tous les Djadjas de la Terre.
(c) Faustine/Dalle
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