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Chronique
"Sousou" de Jul

Après avoir enregistré « Sousou », Jul et son label D’Or et de Platine ont décroché leur cinquième single diamant...

Une vocation précoce

Avec l’ordinateur offert par son collège pour l’entrée en quatrième, Julien Mari, ado adepte de la Fonky Family, des Psy4 de la rime, d’Ennemis d’État et de Sale Équipe, s’enferme dans sa chambre, et copie les instrumentaux à la fin des morceaux pour se mettre à écrire dessus.

Deux ans plus tard, le gamin de la cité Louis-Loucheur (dans le 5ème arrondissement de Marseille) entame un BEP Vente, interrompu au bout de trois mois pour aller travailler sur les chantiers avec son père, qui construit des piscines dans la région mais il décroche à nouveau. Il faut dire que grâce à sa première paie et l’achat du logiciel ProTools – qui lui permet de composer de façon plus sophistiquée – il vient de franchir un cap.

Musicien autodidacte, il joue de tous les instruments à la souris, ce qui lui permet d’être extrêmement prolifique, car il a également une faculté à trouver des paroles sans efforts. Julien veut désormais se consacrer entièrement à sa pulsion créatrice, et à son rêve de faire du rap son métier. En décembre 2009, il créé un blog (Jul-135 officiel), et y dépose photos et enregistrements, déjà signés avec son diminutif stylisé « JuL ».

Un bon démarrage

En 2012, Julien signe avec le label marseillais Liga One Industry. A la fin de l’année suivante, il publie son premier single « Sort le Cross volé », dont le clip connaît un grand succès sur YouTube, et annonce l’univers de l’artiste (roues en motocross, amitiés, amour fusionnel pour le quartier et Marseille).
L’album « Dans ma Paranoïa » sort en février 2014. Son démarrage remarquable interpelle Skyrock. Jamais mieux servi que par lui-même, le self-made man phocéen applique son principe à l’édition, la production, la diffusion et au merchandising, créant D’Or et de platine, son propre label, en 2015.

En février 2020, Jul annonce avoir vendu 4 millions d’albums et cumulé 2 milliards de vues sur YouTube, se proclamant « plus gros vendeur de rap français de tous les temps ». Mais l’apparition de la Covid-19 l’oblige bientôt à reporter le concert prévu au Stade Vélodrome.

Sousou

Pour soutenir ses fans confinés, Jul dévoile le 26 mars 2021 « Sousou », premier extrait de « La Machine », treizième album à venir (une discographie à laquelle il faut aussi ajouter 9 mixtapes).

Arpèges de synthé, basses percutantes, rythme dansant, refrain mélodieux (par lequel le titre commence), l’instru de « Sousou » est entraînante. Les paroles le sont tout autant, l’auteur s’étant extrait des canevas du rap classique pour enchaîner les sujets en rafale d’écriture semi-automatique.
Stakhanoviste et travailleur acharné, le rappeur aux 2500 titres écrits et composés fait à nouveau l’apologie de sa vie de quartier, alternant rap et chant auto-tunés, une technique qu’il maîtrise aussi brillamment que l’argot.

Joies simples : « Au resto avec la team, y’a du rosé dans l’seau d’eau », « J’pillavais » - proximité avec les fans : « Wesh le poto, t’es d’la team, que tu fais le signe, viens, on fait la photo » - amour pudique : « Mon bébé veut des poutous, ah, j’suis son chouchou », « Jt’ai vue, tu étais belle et mignonne », « Il est fou de toi, miss, il t’aime, j’crois qu’il meurt pour toi », « Rassure-toi, elle aussi, elle est dingue de toi » - nécessité matérielle : « Faut les sousous »…

Simplicité, sincérité, transgression gentille… Jul est un vrai, qui continue à ressembler à celles et ceux de chez lui, et à qui le succès phénoménal – aux antipodes des recettes du show-business – n’a jamais fait tourner la tête. Il sort régulièrement des œuvres gratuites afin de permettre à ses fans sans le sousou de l’écouter.

(c) Chion/Dalle


L'auteur

Vincent Dégremont

Journaliste Sport & Musique.
Ecoute avec un égal bonheur « L’Apprenti sorcier » et « La Maladie d’amour ».
Préoccupé par le dérèglement climatique et les fake news.
Considère la cuisine comme un art majeur.