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Chronique
Viens chez moi, j’habite chez une copine - 1981
Renaud

De la pièce originale écrite notamment par Luis Rego et Didier Kaminka ne subsiste que le titre.
Michel Blanc et le réalisateur Patrice Leconte ont réécrit intégralement le scénario dialogué par le comédien. Il est intéressant à quel point le film colle à son époque, typiquement années 80 et en rupture totale avec la comédie populaire de la décennie passée (Louis de Funès, Les Charlots, …). C’est en quelque sorte un film jeune, moderne et de gauche, sur les écrans trois mois avant l’arrivée de François Mitterrand à la tête du pays. Parfait timing.

Pour la musique, la production commande deux chansons à Renaud, alors le plus gros vendeur de disques hexagonal : le titre éponyme et « P’tit Dèj Blues » qui illustre le générique d’ouverture.
Le chanteur fait venir son arrangeur et directeur artistique Alain Ranval dit Ramon Pipin, (ex-leader du groupe « Au Bonheur des Dames » à la tête de « Odeurs » depuis 1979) qui signe toute la musique instrumentale du film avec Jean-Philippe Goude.
Ramon a une relation musicale fusionnelle avec Renaud (entre 1979 et 1983) et participe activement à l’élaboration des chansons. Ainsi il écrit l’arrangement de saxophone du morceau, sous influence « Baker Street » de Gerry Rafferty (1978), et ce gimmick donne naissance à un tube. Les paroles font mouche car Renaud se met à la place du personnage incarné par Michel Blanc, ce loser sympa, ce pendant au Jean-Claude Dusse des Bronzés.

La France se bouscule dans les salles (2,8 millions de spectateurs) et achète le 45t en masse, en symbiose avec les aventures et galères de Guy le copain pot de colle dragueur compulsif (Michel Blanc) et Daniel le beau gosse trop gentil (Bernard Giraudeau).
Détail cocasse, la chanson (uniquement disponible en single ou sur des compliations) n’apparait que dans la deuxième partie de l’histoire et dans son générique de fin. Une tendance très à la mode dans les années 80 inaugurée quelques semaines plus tôt dans « La Boum ».

« Viens chez moi j’habite chez une copine » est multi-diffusé à la télévision depuis près de quarante ans et plait toujours autant car il est le reflet d’une époque révolue : quand un couple composé d’un homme déménageur et d’une femme employée au McDonald avaient les moyens de vivre à Paris. L’association Michel Blanc - Renaud fonctionne si bien que pour son premier film en tant que réalisateur en 1984, l’acteur choisira pour titre une chanson déjà existante du même auteur : « Marche à l’ombre ». Mais c’est une toute autre histoire.

crédit photo : Marc Chesneau

Bulletin de déclaration "Viens chez moi j'habite chez une copine"
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Texte "Viens chez moi j'habite chez une copine"
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L'auteur

Mathieu Alterman

Journaliste, chroniqueur (LCI, C8, Le Point, ...) et réalisateur de documentaires (Les Magnifiques - Paris Première).

Après avoir été pendant dix ans directeur artistique en maisons de disques et prêté sa plume à la revue Schnock, il enseigne le décryptage de la pop-culture, la communication de crise, le pitching et l’histoire des médias.

Il anime des conférences pour le groupe Ionis (Jacques Séguéla, Maurice Levy, Jacques Attali, …) et est aussi l’auteur de plusieurs livres dont « Les larmes de Johnny » (éditions Carnets Nord) et « Femmes Fatales (éditions Quai des Brunes).
Chroniqueur dans TPMP sur C8, professeur de pop culture et de podcast.