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Chronique
It's only mystery - 1985
Louis Bertignac - Corinne Marienneau - Eric Serra

En cette année 1985, Luc Besson est avec Jean-Jacques Beineix (Diva, 37.2, …) le représentant en chef d’un nouveau cinéma français, en phase avec cette décennie adolescente, métallique et impertinente.

"Subway" est son deuxième long-métrage après "Le dernier combat" et il n’a pas droit à l’erreur.
Dès 1984, il fait appel à une mystérieuse chanteuse américaine qui ne lui donne plus signe de vie au dernier moment.
Dans l’urgence, il demande à son ami compositeur Eric Serra de sauver la mise. Ce dernier vit alors avec Corinne Marienneau, bassiste du groupe Téléphone. Elle écrit un texte sur lequel il couche une mélodie et le duo présente sa chanson au réalisateur qui… la refuse. Pas dans l’esprit, à côté de la plaque.
Corinne va chercher Louis Bertignac, son comparse guitariste du groupe rock français numéro un, pour réarranger le titre. C’est gagné, Besson trouve ça génial et ne reconnait même pas la première maquette.

It’s only mystery est enregistré au studio Ramsès par Arthur Simms, choriste américain de renom établi en France depuis 1977 aux collaborations prestigieuses : Françoise Hardy, Tina Turner, Michel Jonasz, Henri Salvador, Nana Mouskouri, Catherine Lara…
Il est également acteur dans « Subway » dans le rôle d’un chanteur appelé Paul et peut ainsi par sa voix emmener la bande originale vers d’autres pays.

A la sortie du film en avril 1985, la musique et la chanson sont intimement liées à l’immense succès d’entrées en salles et le cocktail devient culte. Isabelle Adjani et Christophe Lambert perdus dans les couloirs du métro promènent leur mal de vivre sur la musique d’Eric Serra aux nappes synthétiques terriblement urbaines.
L’album s’arrache chez les disquaires et s’écoute dans tous les walkmans des jeunes, ce qui explique peut-être le moindre succès du 45t. Qu’importe, Arthur Simms entre dans la cour des grands interprètes et annonce une carrière prometteuse malheureusement ruinée par sa mort du Sida deux ans plus tard. Michel Jonasz lui consacre une chanson hommage bouleversante « Arthur » en 1992 et Subway demeure à jamais le meilleur témoignage de Paris en ces folles années 80.

Si Téléphone se sépare en 1986 après un dernier single « Le jour s’est levé », il est cocasse que le premier tube en solo n’ait pas été signé de son leader Jean-Louis Aubert mais de sa discrète bassiste. L’histoire du rock, souvent ingrate, oubliera ce détail qu’il est important de rappeler.

En 2016, Christine & The Queens reprend la chanson aux Victoires de la musique, dans une modernité toujours sidérante et délicate. Métro c’est trop et en première classe.

Bulletin de déclaration "It's only mystery"
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Partition "It's only mystery"
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L'auteur

Mathieu Alterman

Journaliste, chroniqueur (LCI, C8, Le Point, ...) et réalisateur de documentaires (Les Magnifiques - Paris Première).

Après avoir été pendant dix ans directeur artistique en maisons de disques et prêté sa plume à la revue Schnock, il enseigne le décryptage de la pop-culture, la communication de crise, le pitching et l’histoire des médias.

Il anime des conférences pour le groupe Ionis (Jacques Séguéla, Maurice Levy, Jacques Attali, …) et est aussi l’auteur de plusieurs livres dont « Les larmes de Johnny » (éditions Carnets Nord) et « Femmes Fatales (éditions Quai des Brunes).
Chroniqueur dans TPMP sur C8, professeur de pop culture et de podcast.