C’est vrai, il a écrit de nombreux succès, notamment pour Tino Rossi et Luis Mariano. Mais vous savez, il a quitté ma mère quand j’avais 5 ans, et ne m’a donc élevé qu’indirectement dans l’amour de la musique.
J’ai fait très sérieusement le conservatoire et puis, au début des années 60, je me suis amusé à composer des twists, pour des groupes yéyés comme Danny Boy et ses Pénitents ou les Chats Sauvages de Dick Rivers.
Ensuite, j’ai écrit pour Richard Anthony, France Gall, Françoise Hardy et puis Jacques Dutronc, pour les chansons de la série télé Arsène Lupin.
En 1968, j’avais composé une musique sur un texte de Vline Buggy, Adieu monsieur le professeur, interprétée par Hugues Aufray.
Avec Vline, nous avons proposé à Claude une autre chanson qui s’intitulait Avec la tête, avec le cœur. Il l’a aimée et il l’a enregistrée.
Ça a été le début d’une collaboration qui a duré jusqu’à sa mort. En 1971, je suis même devenu son directeur artistique. Du coup, j’ai arrêté de lui proposer des chansons, car je ne voulais pas mélanger les deux fonctions, mais c’est lui qui m’a demandé de continuer.
En 1977, Claude, qui était à l’affût de tout ce qui se passait en musique, a eu envie de se lancer dans le style disco.
Au début, il avait l’intention de chanter en anglais, mais je l’en ai dissuadé, parce qu’il y avait déjà Sheila et Patrick Juvet : il n’allait pas être le troisième...
Quand je lui ai proposé d’écrire pour Claude François, il n’était pas du tout enthousiaste...
Mais j’ai réussi à organiser une rencontre et ils se sont très bien entendus. Pourtant, l’un redoutait de se retrouver avec un gugusse agité, l’autre avec un intello ennuyeux... Claude m’a même confié que c’était la première fois qu’il interprétait des chansons dont il ne comprenait pas toutes les paroles !
Du coup, après Magnolias for ever et Alexandrie Alexandra, il était même question de refaire un album entier ensemble. La disparition prématurée de Claude a, hélas, mis fin à ce projet.
Au contraire, j’avais le trac. Je n’étais pas certain que le public de Claude, surtout féminin, le suive dans ce style.
On n’est jamais sûr de rien : le succès du Téléphone pleure, par exemple, avait été une surprise. Avec le recul, je suis très fier d’Alexandrie Alexandra.
Le fait qu’elle continue de faire danser les gens, aujourd’hui, est la plus belle des récompenses.
Par Philippe Barbot
Crédit photo : Erling Mandelmann/Gamma Rapho
L'auteur