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Chronique
La belle vie
Et Tony Bennett enregistra du Sacha Distel…

Le 7 mars 1962, sort sur les écrans parisiens le film « Les 7 péchés capitaux », constitué de… 7 sketches. Si Michel Legrand compose des musiques pour 5 d’entre eux, pour « L’orgueil », le réalisateur Roger Vadim demande à Sacha Distel d’en signer la musique. Le guitariste de jazz, devenu compositeur-interprète à succès, lui livre même deux morceaux qu’il a enregistré avec les plus grands musiciens de jazz sur la place de Paris : Michelot, Sénéchal, Hullin et Kenny Clarke.

The good life

Sacha baptise le premier « Marina » et, comme il trouve qu’il pourrait plaire à l’international, il décide de le confier à un professionnel américain du nom de Duke Niles qu’il a connu quand il travaillait pour la société d’édition et de production de son oncle, le chef d’orchestre Ray Ventura.

Niles demande alors au parolier à succès Jack Reardon d’en écrire les paroles. C’est ce texte épicurien qui séduit le crooner Tony Bennett, rival de Sinatra. Avec ce « Good Life », Bennett obtient en 1963 un succès rapide dans les classements américains (18ème au Top 40 avec 6 semaines de présence) et anglais (27ème au british hit singles avec 13 semaines de classement).

« The Good Life » devient même l'une des références de Bennett, utilisée comme titre de son autobiographie en 1998. Il la reprendra en duo avec Billy Joël sur son album « Duets » en 2006, puis avec Michael Buble en 2016.

La belle vie ou l'art de vivre à la française

Evidemment, ce succès international pousse Sacha à enregistrer lui aussi ce titre, mais en français. Il demande alors au Compagnon de la Chanson Jean Broussolle d’en écrire la version française, une version fidèle à l’idée américaine : « La belle vie ». Cependant, Broussolle n’en sera pas adaptateur, mais auteur au même titre que Reardon. Quant à Sacha, il reste l’éditeur graphique de l’œuvre via sa société d’édition Prosadis montée avec son parolier et manager Maurice Tézé.

Orchestrée par Alain Goraguer, « La belle vie » par Sacha Distel est commercialisée sur un super-45 tours en janvier 1964, mais en face B, peut-être parce que Sacha se dit qu’au cœur du yéyé triomphant, cette chanson a peu de chance dans l’Hexagone. Des 45 tours avec la chanson en français sont cependant pressés en Espagne, au Brésil…

Plus tard, Sacha publie une première version en anglais produite à Londres par Norrie Paramor en 1968 pour un 33 tours distribué sur le marché anglais et américain. Une seconde version anglaise sera enregistrée en 1973 et sortira même aux USA.
Quant à sa version italienne (« La bella vità »), elle sera publiée dans la Péninsule en 1982.
Il faut dire que depuis Tony Bennett, des dizaines de stars internationales ont gravé le titre, sans parler des jazzmen ni des grands orchestres à la mode.

Et si la chanson a été un énorme standard en anglais, elle a finalement peu été reprise en français, Après Simone Langlois en 1963, rares seront les artistes de chez nous qui s’attaqueront à ce monument…
Les Compagnons de la chanson, qui avaient tendance à enregistrer toutes les chansons que leurs membres signaient, n’ont jamais mis « La belle vie » à leur répertoire.

De nombreuses adaptations audiovisuelles

En revanche, la chanson – en français comme en anglais - aura été utilisée dans une demi-douzaine de films, y compris interprétée par Gérard Depardieu, et cela ne fait que s’accélérer. Depuis 5 ans, la version interprétée par Sacha est synchronisée dans un long-métrage en moyenne deux fois par an (dixit son fils Laurent en charge des éditions). Et on ne parle même pas des fictions TV : une demi-douzaine aussi.
Elle a aussi été retenue pour accompagner pas mal de pubs TV. Y compris en Italie où elle a été utilisée en 2000 par Fiat avant d’être reprise depuis 2017 par Orange en France.

Sans oublier que Sacha avait lancé une gamme de parfums qui portait ce nom en 1985. « La belle vie » garde définitivement le cachet d’un certain art de vivre à la française…

Retrouvez la liste des reprises (format pdf)

Partition "La Belle vie"
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L'auteur

Jean-Pierre Pasqualini

Animateur sur Melody, la chaine vintage de divertissement musical depuis 2003, JPP en dirige les programmes depuis 2013.

Cet ex-pionnier de la radio FM (entre 1982 et 1985) et rédacteur en chef de Platine Magazine durant 25 ans (de 1992 à 2017), membre de l’Académie Charles Cros et du Collège des Victoires de la Musique, est aussi sollicité régulièrement par de nombreux médias (M6, W9, C8…). Ces derniers mois, il a participé à de nombreux documentaires sur la chanson patrimoniale (Hallyday, Sardou, Pagny, Renaud…), comme contemporaine (Stromae, Christophe Mae…).

JPP intervient également sur les chaines et dans les émissions de News (BFM, LCI, C News, « Morandini », « C’est à vous »…) et les radios (Sud Radio, Europe Un, RMC Info Sport, France Inter…) pour des événements liés à la chanson (Eurovision, Disparitions de France Gall, Charles Aznavour, Dick Rivers…). Il a même commenté en direct les obsèques de Johnny Hallyday sur France 2 avec Julien Bugier.

Coté chansons, JPP a participé, depuis presque 30 ans, à de nombreux tremplins, du Pic d’or de Tarbes au Festival de Granby au Québec en passant par le tremplin du Chorus des Hauts de Seine.
Enfin, JPP a produit des artistes comme Vincent Niclo, en manage d’autres comme Thierry de Cara (qui a réalisé le premier album des Fréro Delavega)…
JPP a signé quelques ouvrages sur la musique et écrit des textes de chansons. Il a même déjà travaillé sur un album certifié disque de platine (Lilian Renaud).