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Chronique
Mon homme
À la fois sensuel et antipathique, il a conquis l’Amérique !
Le 6 octobre 1920, la revue « Paris qui Jazz » fait sa première sur les planches du Casino de Paris. Principalement inspiré par cette musique aux rythmes et sonorités révolutionnaires venue des Etats-Unis, le spectacle tient pourtant son titre le plus fort dans une chanson réaliste entonnée par Mistinguett, la grande vedette de cette place forte du music-hall.

Sur une musique aux couplets mélodramatiques lançant des refrains entraînants signée Maurice Yvain, les auteurs Albert Willemetz et Jacques Charles déroulent l’histoire d’une relation chaotique et passionnée unissant la Miss à cet « Homme » auquel elle est complètement dévouée.
Ni « beau », ni « riche », ni « costaud », celui-ci lui « fout des coups » et lui prend ses « sous ». Et pourtant, elle l’aime, ne pouvant envisager l’existence hors de cette emprise qui donne à sa vie tout son sel.

Oh mon homme, i love him so

Reprise par Colette Renard, Patachou, Henri Salvador, Juliette Gréco, Stéphane Grappelli & Michel Legrand ou encore Mireille Mathieu, Mon Homme connaîtra également un immense succès outre-Atlantique.

Adaptée dès 1921 dans la langue de Shakespeare en My Man, la chanson sera notamment interprétée par Dinah Shore, Billie Holiday, Dizzy Gillespie, Lionel Hampton ou encore Peggy Lee avant que Barbra Streisand, Diana Ross, Shirley Bassey et Dee Dee Bridgewater n’ajoutent ce classique à leur répertoire.
En 2011, la série américaine Glee l’utilise même pour un passage d’audition tout en crescendo émotionnel.

Un homme cosmopolite

L’œuvre d’Yvain, Willemetz et Charles n’a pas seulement traversé l’Atlantique, mais s’est aussi répandue sur le Vieux Continent, devenant Hon är min en suédois et Mon Homme (Su questa terra la mia felicità) en italien par la flamboyante Milva.

Un « Homme » cosmopolite qui n’a pas pris une ride : près de cent ans après sa création, la chanson a été choisie comme premier extrait de « Mistinguett, reine des années folles », comédie musicale consacrée à la meneuse de revue aux célèbres gambettes, représentée en 2014 et 2015… au Casino de Paris, évidemment !

L’anecdote

Willemetz et Charles se seraient inspirés de la relation tumultueuse entre la Miss et Maurice Chevalier pour écrire Mon Homme. C’est du moins ce qui se murmurait dans les coulisses en 1920 !

Affiche de Mistinguett - par Charles Gesmar (1925) © Collection Dagli Orti/Aurimages

Couverture de la partition "Mon homme"
Le 6 octobre 1920, la revue « Paris qui Jazz » fait sa première sur les planches du Casino de Paris.
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L'auteur

Vincent Dégremont

Journaliste Sport & Musique.
Ecoute avec un égal bonheur « L’Apprenti sorcier » et « La Maladie d’amour ».
Préoccupé par le dérèglement climatique et les fake news.
Considère la cuisine comme un art majeur.