X
interstitiel

exposition

Gabriel Fauré


Immense mélodiste, directeur du Conservatoire de Paris, Gabriel Fauré (1845-1924) est longtemps resté dans l’ombre de ses contemporains.
Du classicisme et du romantisme des débuts aux innovations tonales tardives, son répertoire (plus 250 œuvres) est pourtant empreint d’une modernité qui inscrit le compositeur au Panthéon des plus grands.

Consulter les archives Sacem de Gabriel Fauré

Vie d’église, musique d’église


Dernier d’une fratrie de six, Gabriel Fauré est né le 12 mai 1845 à Pamiers, en Ariège. À Montgauzy (près de Foix) où son père, l’instituteur Toussaint-Honoré Fauré travaille, on peut entendre Gabriel s’exercer sur l’harmonium de la chapelle jouxtant l’école. L’enseignant décèle le talent de son fils et l’envoie à l’âge de neuf ans étudier à Paris à l’école de musique classique et religieuse Niedermeyer. Il y nouera une amitié avec le compositeur romantique Camille Saint-Saëns, son maître de dix ans son aîné qui l’éveille à Schumann, Liszt et Wagner.

Après onze ans d’études, Gabriel Fauré devient organiste d’église, d’abord à Rennes puis à Paris. Il le restera plus de trente ans. Durant cette période, il compose une douzaine de musiques sacrées, à commencer par le Cantique de Jean Racine écrit en 1865 pour chœur avec orgue ou piano. Cette pièce remporte le prix de composition au concours de sortie de l’éécole Niedermeyer.

En 1877, il est nommé maître de chapelle à l’église de la Madeleine, par l’intermédiaire de Saint-Saëns qui l’introduit dans les salons parisiens. Ses compositions sont jouées aux soirées de la cantatrice Pauline Viardot. Follement épris de sa fille Marianne, il se fiance avec elle mais elle rompt finalement son engagement. Ce choc et le manque de reconnaissance déclenchent chez lui un profond spleen. Son nom reste alors associé à ses fonctions de maître de chapelle. Ce sont pourtant ses musiques « profanes » qui sont les plus jouées aujourd’hui.

Entre romantisme et modernité


Gabriel Fauré s’apprête à remettre à l’honneur la musique de chambre à une époque où seul le théâtre lyrique fait triompher un créateur. « Il apporte un enrichissement d’expressions harmoniques par le recours à certaines échelles modales qu’emprunteront [bientôt] Maurice Ravel ou Claude Debussy », note Le Mensuel du théâtre parisien.

Grand amateur de poésie, Fauré composera plus de 100 mélodies reposant sur l’équilibre entre chant fluide et piano régulier mais mouvant, porté par des modulations élégantes, sans ostentation. En 1878, il publie Trois mélodies, ensemble de pièces comprenant Après un rêve, librement adaptée par le poète et compositeur Romain Bussine à partir d’un texte italien anonyme. Éminemment romantique, cette musique reflète le style de jeunesse de Fauré, loin des abstractions harmoniques de la maturité.

S’il boude la musique symphonique, le compositeur n’en marque pas moins les esprits avec Pavane en 1887, œuvre en un mouvement pour petit orchestre avec chœur ad libitum appelée à devenir un « tube » du classique. Quatre ans plus tôt, il a épousé Marie Frémiet, fille du sculpteur Emmanuel Frémiet, avec qui il aura deux fils.

La consécration


1896. Fauré est nommé professeur de composition au Conservatoire de Paris. C’est la consécration. Pédagogue éclairé, il encourage ses élèves, parmi lesquels Maurice Ravel, Nadia Boulanger ou Charles Koechlin, à se départir de l’académisme pour trouver leur propre voix.

Il n’hésite pas à collaborer avec certains. Pour la suite Pelléas et Mélisande, sa musique de scène écrite en 1898, il confie l’orchestration à Koechlin. Au début de l’acte II, un thème souligné par une ligne de flûte gracieuse s’élève : « Sicilienne », d’après une danse traditionnelle et romantique venue d’Italie et destinée initialement à accompagner une mise en scène antérieure du Bourgeois gentilhomme de Molière.

En 1905, il est nommé directeur du Conservatoire de Paris. N’étant pas un ancien de la maison et n’ayant remporté aucun prix de Rome, il est d’abord contesté. Sans parler de son comportement, jugé sévère.

Surdité et explorations intérieures


Deux ans plus tôt, Fauré avait commencé à souffrir d’une surdité déformante. Dès 1910, il n’entend presque plus une note mais publie Pénélope, son unique drame lyrique, qui ne rencontre guère le succès escompté. Tentant de dissimuler son infirmité, il se maintient en tant que directeur du Conservatoire de Paris jusqu’en 1920, date à laquelle il est poussé vers la sortie.

Il passe ses dernières années dans l’isolement. Il se réfugie dans la composition et se lance dans l’exploration d’un univers musical intérieur donnant naissance à un style nouveau, plus épuré. Il achève notamment son cycle de quatre mélodies pour voix et piano L’Horizon chimérique, d’après le recueil de poésies de Jean de La Ville de Mirmont, homme de lettres tombé en 1914 sur le Chemin des Dames. Quelques mois avant sa mort, il apporte la note finale au Quatuor à cordes, une œuvre majeure.

Le 4 novembre 1924, Gabriel Fauré meurt d’une pneumonie. Des funérailles nationales sont organisées à l’église de la Madeleine pour le compositeur, qui avait brûlé ses partitions inachevées avant de s’éteindre.