Les années soixante sont liées à l’époque dite des yéyés et de son insouciance.Elles s’achèvent avec le mouvement de mai… Le rêve, puis la révolution.
Ce sont aussi les années qui verront émerger la grande dame en noire, Barbara, qui se produit d’abord sur les scènes de cabaret, et explose véritablement dès 1965. Romantiques, passionnées, engagées, militantes…
Portraits de celles dont les textes et les mélodies ont marquées cette décennie.
Par Sophie Rosemont
BARBARA
"Qu'elles soient blanches ou roses, ou rouge de velours, quand fleurissent les roses, c'est la saison d'amour"... Ces quelques vers, écrits pour son examen d'entrée, on les imagine aisément chantés par une longue dame brune, sur une petite cantate, jouée du bout des doigts...
Créatrice de plus d’une centaine de chansons, Barbara a également collaboré à d’autres, avec de nombreux complices artistiques : Roland Romanelli, François Wertheimer, Rémo Forlani, Jean Jacques Debout, Etienne Roda-Gil, Georges Moustaki, Catherine Lara, Jean-Loup Dabadie… La discographie de Barbara est riche, dense, nourrie d’une relation fusionnelle au piano, d’un refus de construire toute vie familiale malgré son amour des enfants, afin de rester libre, à la fois diva, femme indépendante mais fatale, musicienne perfectionniste et éternelle angoissée.
Barbara (1930-1997)
Sa carrière d’auteure compositrice débute en 1958 à Bruxelles avec J’ai tué l’amour, sa toute première chanson d’amour. Mais c’est à Paris, dans les cabarets de la rive gauche (la Rose rouge, le Port du salut, les Trois baudets, Chez Moineau) et notamment au cœur du petit cabaret de L’Ecluse, que Barbara s’illustre véritablement entre 1958 et 1964. Elle y chante Brassens et Brel notamment.
Petit à petit, elle introduit dans son tour de chant ses propres créations, « ses petits zinzins »…
D’immenses chansons, devenus chefs d’œuvre incontournables de notre patrimoine artistique, naissent alors sur les touches de son piano : Dis, quand reviendras-tu ?(1962), Nantes (1963)…
Série d’entretiens filmés sur Barbara, en direct de l’Ecluse
Examen d'entrée de Barbara
En 1962, Barbara adhère à la Sacem en qualité de compositrice. En 1963, en qualité d’auteure. A cette occasion, elle passe les examens d’entrée et écrit ce texte inédit : Les roses de novembre. En 1964, elle enregistre un album avec ses propres chansons… Et se produit en vedette à Bobino. L’icône est née : sa personnalité, sa voix, son timbre vibrant, inimitable…
A cette époque, Barbara écrit, compose et enregistre beaucoup. Et elle se produit sur scène, partout en France : près de 300 jours par an ! Ses tournées avec Serge Gainsbourg, Serge Reggiani ou Georges Moustaki l’amènent à se produire à l’international : Italie, Israël, Liban, Pays-Bas, Allemagne…
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Gottingen
Déposée à la Sacem en 1964, la chanson Göttingen lui vaut la médaille d’honneur de la ville de Göttingen et une citation à l’Ordre du mérite fédéral allemand au nom de l’amitié entre les peuples. Xavier Darcos en 2001 alors délégué au Ministère de l’Enseignement inscrit Göttingen aux programmes officiels des classes primaires.
En savoir plus : "A Göttingen, un trait d'union nommé Barbara"
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Ma plus belle histoire d'amour
En 1967, elle dédie à son public Ma plus belle histoire d’amour, après ses concerts à Bobino où elle s’est produite en 1966.
En savoir plus : extrait des concerts à Bobino en 1966.
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"La Dame brune"
Œuvre co-écrite avec Georges Moustaki, La Dame brune décrit Barbara. Ensemble, ils interprètent la chanson en duo à l'Olympia en 1969.
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L'Aigle Noir
Bien qu’elle soit déjà connue, c’est l’énorme succès de L’Aigle Noir, en 1970, qui consacre définitivement Barbara comme l’auteure-compositrice-chanteuse ultime du paysage française.
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Le flamboyant, un texte inédit
Déposé à la Sacem le 17 octobre 1988, ce texte écrit par Barbara était destiné à son ami Jacques Higelin.
Elle ne lui a jamais montré… Le texte était inédit, dans les archives de la Sacem, jusqu’à ce que la Philharmonie l’expose au cœur de son exposition-événement en 2017.
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Une artiste engagée
Barbara s’investit également, de façon très confidentielle, dans un combat contre le sida auprès des malades et des associations ; visite et chante en prisons. Elle s'engage pour les femmes du Tiers-Monde et a chanté dans les prisons et les hôpitaux – y compris souffrante, accompagné de son médecin - jusqu’à la fin de sa vie.
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CRIS CAROL
Dure époque que celle des yéyés quand on veut écrire des chansons d’auteurs ! Alors Cris Carol décide de prendre sa carrière en main. Elle compose ses propres chansons, et les propose à différents artistes : Mouloudji, Reggiani, Mick Micheyl… Et le succès est au rendez-vous.
Cris Carol (1935)
Avec une mère pianiste dans des orchestres de bal, avait-elle d’autre choix que de se consacrer, elle aussi, à la musique ? Elle choisit d’étudier aux Arts Déco tout en suivant les cours du Petit Conservatoire de Mireille.
Lorsqu’elle remporte les Relais de la chanson française à l’Alhambra, les labels viennent lui proposer des contrats.
Elle choisit Festival, qui, hélas, lui impose d’enregistrer Mon beau sapin en version rock… vague yé-yé oblige.
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Autrice
A la faillite du label, elle passe chez Pathé et chante des adaptations de tubes américains. Elle décide alors de créer ses propres chansons…
Elle compose ainsi Caribou et Notre prof d’anglais écrites par Charles Leveel et interprétées par Chantal Kelly. Convaincu par le premier titre, Mouloudji appelle Cris et lui demande des musiques pour ses chansons.
Ainsi naissent L’adagio du pont de Caulaincourt en 1968, puis Chambre noire, Autoportrait, Tout fout l’camp.
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Faut vivre
Cris Carol a mis en musique des œuvres du grand poète Bernard Dimey (auteur du Syracuse d’Henri Salvador), dont Si tu me payes un verre interprétée par Serge Reggiani.
Cris chantera trois ans à Las Vegas, mais rentre en France car son fils lui manque... « C’est compliqué d’être une femme dans la chanson », commente-t-elle plus tard.
Cependant, son spectacle Les mamies, en 1998, témoigne encore de son énergie scénique et d’une joie de vivre jamais démentie.
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JACQUELINE DULAC
C'est en entendant le "fou chantant" (dont elle fera plus tard la première partie) que Jacqueline Dulac a la révélation : elle sera chanteuse. Une longue carrière ponctuée de nombreux succès, que quatre lions auraient pu stopper net un jour de 1969.
Jacqueline Dulac (1934)
C’est d’abord l’histoire d’une voix. Influencée dès son plus jeune âge par Charles Trenet, Jacqueline Dulac étudie le dessin et la peinture avant de se lancer dans la musique. Elle fait ses débuts dans des cabarets parisiens comme Le Cheval d'Or, Le Caveau de la Bolée ou Chez Moineau.
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Jacqueline Dulac adhère à la Sacem en 1960
Elle écrit alors ses propres chansons, notamment Je crois en toi, en 1963. A l’automne 1965, elle reprend pour l’émission Le Palmarès des Chansons de Guy Lux C’est beau la vie de Michelle Senlis et Claude Delécluse. Les trois femmes se rencontrent, et, devenues très proches, travaillent ensemble.
Jacqueline Dulac interprètera certains de leurs plus beaux textes : Lorsqu’on est heureux (Claude Delécluse – Francis Lai) ou Venise sous la neige (Michelle Senlis – Francis Lai). Elle compose Les oiseaux d’Amsterdam sur un texte de Claude Delécluse.
Le Palmarès des Chansons l’a aussi révélée aux yeux de Trenet, qui l’invite en première partie de son concert à Bobino.…
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Autrice
En 1966, elle remporte le concours de la Rose d'Or d'Antibes avec Ceux de Varsovie d’Eddy Marnay et Edouard Adamis. Deux ans plus tard, c’est le Grand prix de l'Académie Charles Cros qu’elle gagne avec son premier album Contre-Jour.
En 1969, agressée par quatre lions lors d’une séance photo dans un cirque, Jacqueline Dulac est gravement blessée et décide de s’éloigner un temps du métier.
Elle continue de chanter entre Bobino et la province et, surtout, lorsque le duo Senlis-Delécluse cesse d’écrire pour les autres, reprend la plume. En témoigne son dernier album Flagrant délice, en 1998, où elle habilla de ses textes les mélodies de Dominique Pankratoff.
A lire : Jacqueline Dulac fête ses 50 ans de chansons (France Musique - février 2016)
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ANN GRÉGORY
C’est dans la musique qu’Ann Grégory décide de faire son chemin en tant qu’auteure, interprète ou encore productrice. Ses collaborations, notamment avec Nicoletta ou Ray Charles, ont laissé des succès qui restent intacts dans les mémoires. Et dont l’artiste aux multiples casquettes se souvient comme de moments magnifiques, « par exemple lorsqu’on découvre sa chanson en studio et que tous ces mots mis sur un bout de papier prennent vie : c’est magique ! » (Notes 153).
Ann Grégory (1942)
Née Arlette Kotchounian à Paris, cette jeune passionnée de mathématiques découvre le jazz en passant ses soirées au Club Saint-Germain, avec Eddy Louis. Mimi Perrin, chanteuse chargée des paroles pour le groupe de ce dernier, les Double-six, propose à Arlette d’écrire elle aussi des textes.
Rapidement, elle réalise qu’elle aimerait garder certaines chansons pour elle-même… Suivant l’exemple de Françoise Hardy, elle téléphone à une maison de disques, en l’occurrence Pathé, et obtient une audition. Engagée, elle doit attendre sa majorité et finir ses études avant de sortir, sous le nom d’Arlette Avedina, le 45 tours Les gens vous disent...
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Adhésion à la Sacem
Arlette Kotchounian adhère à la Sacem en 1965 en qualité de compositrice et en 1966 d’auteure.
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La Musique, The sun died...
Devenue Ann Grégory, elle rencontre Nicole Grisoni, la future Nicoletta, et lui propose d’adapter le tube américain Angelica, qui devient La musique. C’est le tube de l'été 1967 – il sera remis au goût du jour en 2001 par la Star Academy ! Ann Gregory est ainsi l’auteure des deux premiers succès de Nicoletta : La Musique et Ma vie c’est un manège.
Elle crée ainsi l’adaptation anglaise d’Il est mort le soleil (chanson écrite par Pierre Delanoë et composée par Hubert Giraud)… La chanson d’amour, devenue The Sun Died, prend un tout autre sens lorsqu’elle est interprétée par Ray Charles et rencontre un grand succès. Elle écrit également en anglais pour Ray Charles : It takes so little time et A childhood et pour Tom Jones, en français pour Claude François (Vivre que c'est bon, Douce Candy), Sacha Distel (Ainsi passe la vie, Gypsy girl), Patricia Carli (Combien de temps) ou encore Zizi Jeanmaire (Quelle gueule elle a). En 1973, c’est à elle qu’on doit la chanson présentée à l’Eurovision, Sans toi, interprétée par Martine Clémenceau.
Elle devient ensuite journaliste, gère les relations publiques de Richard Bohringer et d'Yvette Horner, collabore aux pochettes de disques de Claude Nougaro, Gaetano Veloso, Richard Galliano… et Ray Charles, dont elle est restée proche, et qu’elle fera même chanter en français avec Ensemble, en 2002.
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GRIBOUILLE
Marie-France Gaite de son vrai nom, elle était pourtant "le désespoir sous sa forme la plus séduisante" selon Françoise Mallet-Joris. Voix grave, présence scénique, son Mathias rappellerait presque un certain Jef, autre infortuné de l'amour.
Gribouille (1941-1968)
Un destin tragique pour cette artiste, née Marie-France Gaîté à Lyon en 1941. A l’âge de 16 ans, elle chante en public, notamment à l’Auberge Savoyarde. Puis elle part tenter sa chance à Paris où elle commence par gagner péniblement sa vie en dessinant à la craie sur les trottoirs : de quoi attirer l’œil de Jean Cocteau sur cette « jolie fille pleine de musique qui ressemblait parfois à un joli garçon ». Il l’introduit auprès de l’équipe du Bœuf sur le toit.
Gribouille chantera ainsi dans les cabarets parisiens de la rive gauche : l’Ecluse, le Port du Salut, le Don Camillo… A force de persévérance, elle signe un 45 tours chez Pathé-Marconi.
L’œuvre Mathias est née de la conjugaison des plumes de Jean-Max Rivière, Gérard Bourgeois et Gribouille.
Cette dernière a collaboré avec de grands compositeurs parmi lesquels Charles Dumont, Jacques Debronckart, Henri Gougaud, Jo Moutet (qui fut un éminent membre du Conseil d’administration de la Sacem)… et naissent de grandes chansons comme Mourir demain, Elle t’attend, On n’a pas le droit, Grenoble...
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Autrice
En 1966, elle se produit à Bobino en première partie de François Deguelt, puis à l'étranger : Portugal , Liban ... En 1967, elle rencontre Arlette Tabart, alors collaboratrice de Lucien Morisse à Europe 1, qui facilite sa signature chez AZ et avec laquelle elle prépare un nouveau disque pour décembre.
Elle n'en aura enregistré que trois titres : Le téléphone, Ostende et J'aimerais. A l’âge de vingt-sept ans, le 18 janvier 1968, à son retour de studio, elle s’éteint à son domicile, usée par les excès.
Une de ses grandes consœurs, Françoise Mallet-Joris avait écrit : « Gribouille, c'était le désespoir sous sa forme la plus séduisante, le désespoir qui chante, avec de brusques coups de gueule et d'inattendus mouvements de tendresse qui l'étonnaient elle-même. Vaincue Gribouille ? Non. Pour nous tous elle est là et nous crie : Tenez encore un peu ». A nous désormais d’écouter, endeuillés, sa voix profonde chanter : « J'aimerais pour ma mort / Qu'on réveille Mozart / Et puis qu'il joue encore / Pour brûler nos cafards. »
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FRANÇOISE HARDY
Mick Jagger lui faisait de l’œil, Bob Dylan lui chanta en avant-première Just Like A Woman, Damon Albarn lui demanda de chanter avec son groupe Blur, elle partagea un duo avec Iggy Pop…
Françoise Hardy est devenue une égérie au-delà des frontières françaises, et ce bien malgré elle. Elle a en effet autant brillé par sa discrétion que par la beauté de ses « situations sentimentales douloureuses » transformées en mélodies.
Françoise Hardy (1944-2024)
Ayant grandi dans le 9e arrondissement de Paris, à deux pas de Johnny Hallyday et de son futur époux Jacques Dutronc, elle demande, pour ses 16 ans et l’obtention de son bac, sa première guitare. Elle souhaite coucher en musique sa douce mélancolie et sa solitude – qui ne la quittera jamais vraiment. Elle s’inscrit au Petit Conservatoire de la chanson de Mireille, dont elle restera proche toute sa vie, ainsi que de son mari Emmanuel Berl. Sur un coup de tête, elle appelle des maisons de disques et, très vite, le directeur artistique de Vogue, Jacques Wolfsohn lui fait signer un premier contrat discographique.
Adhésion à la Sacem
Françoise Hardy a adhéré à la Sacem en qualité d’auteure en 1961, puis de compositrice en 1963. Si elle a passé son examen d’auteure dès 1961, elle ne pouvait pas passer celui de compositrice, qui impliquait de savoir écrire la musique. C’est pourquoi, afin de déposer son œuvre Tous les garçons et les filles, dont elle est l’auteure et la compositrice, elle a mentionné le nom d’un musicien belge ayant fait les orchestrations en tant que compositeur…
Ce dernier a ainsi touché les droits d’auteur, qui auraient dû revenir à la créatrice pendant des années… Une histoire burlesque qui a amené la Sacem à modifier son règlement relatif à l’examen d’entrée des mélodistes dès 1966, et relatif aux co-signatures dès 1976.
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Tous les garçons et les filles de mon âge
En 1962 sort le 45 tours de Tous les garçons et les filles, qui s’écoulera à deux millions d’exemplaires. Elle est aussitôt propulsée comme l’une des figures de proue des yé-yé, bien que cette romantique ne s’y sente pas tout à fait à sa place.
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Mon amie la rose
C’est le début d’une longue carrière d’auteure, compositrice et interprète, ponctuée de succès : Mon amie la rose (écrit et composée par Cécile Caulier), La maison où j’ai grandi, Des ronds dans l’eau (Pierre Barouh – Raymond Le Sénechal) , Message personnel (Michel Berger), Moi vouloir toi (Françoise Hardy-Louis Chedid), Partir quand même (Françoise Hardy – Jacques Dutronc) , J’écoute de la Musique saoule (Michel Jonasz-Gabriel Yared), Comment te dire adieu (adaptée par Serge Gainsbourg), Puisque vous partez en voyage (Jean Nohain-Mireille)...
Elle collabore avec les plus grands : Serge Gainsbourg, Michel Berger, Gabriel Yared le temps de quatre album, Catherine Lara, Alain Souchon, Tuca (avec l’album La question), Etienne Daho, William Sheller, Jacno, Patrick Modiano, Arthur H, La Grande Sophie, Louis Chédid ou encore, bien sûr, Jacques Dutronc.
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Fais moi une place
Françoise Hardy a été parolière pour d’autres artistes, comme ce beau texte qu’elle a signé pour Julien Clerc et dans lequel on retrouve une part d’elle-même : « Fais-moi une place / Dans ton avenir / Pour que je ressasse / Moins mes souvenirs / Je serais jamais / Éteint hautain lointain / Pour que tu sois bien. »
Après avoir vécu une histoire d’amour avec le photographe Jean-Marie Périer, qui joue le rôle de pygmalion, elle était tombée éperdument amoureuse du chanteur des Cactus au milieu des années 60. Ils resteront plusieurs décennies ensemble, donnant naissance à un petit Thomas devenu virtuose de la guitare manouche. Françoise Hardy a reçu en 2006 la Grande Médaille de la chanson française de l’Académie française.
Outre son talent pour la chanson, elle détient aussi une jolie plume d’écrivain : en témoignent, entre autres, ses mémoires, Le désespoir des singes…et autres bagatelles (2008).
A lire : Portrait de Françoise Hardy (Ina)
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YVETTE HORNER
Hors norme. C'est le titre d'un de ses albums, c'est aussi le qualificatif qui lui convient le mieux. Au cours de sa longue et riche carrière, Yvette Horner a embrassé tous les genres, tous les styles, avec flamboyance et une seule constante : la virtuosité.
Yvette Horner (1922-2018)
Née Hornère à Tarbes, c'est au conservatoire local puis à celui de Toulouse qu'elle fait ses premières gammes. Prix de piano à 11 ans, elle adopte ensuite l'accordéon sur l'insistance de sa mère qui pensait qu'elle pourrait ainsi faire carrière dans un domaine jusqu'ici plutôt masculin.
Élève du compositeur et pédagogue anticonformiste Robert Bréard, la jeune Yvette remporte la Coupe du monde de l'instrument en 1948, suivie du grand prix international de Paris et du grand prix de l'Académie Charles Cros, deux ans plus tard pour son premier enregistrement, Le jardin secret d'Yvette Horner.
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La Marche des Mineurs
Durant onze années, de 1952 à 1963, accordéon autour du cou, elle sillonne et anime les étapes du Tour de France, debout sur le toit d'une voiture. Un exploit, physique et musical, qui n’a fait qu’accroître encore plus la popularité de celle que l'on surnomme "la Reine du piano à bretelles".
Un titre qu'elle a défendu tout au long de plus de 2000 concerts et 150 disques écoulés à 30 millions d'exemplaires, avec 285 œuvres à son répertoire, comme La Marche des mineurs, Mon Tour de France ou Le plus beau jour du monde, et un prix Sacem de la musique instrumentale de variétés en 1988.
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Une icône
Virtuose devenue icône, habillée par Jean-Paul Gaultier à partir de 1991, sa crinière rousse a survolé de nombreux évènements marquants, comme le bicentenaire de la Révolution place de la Bastille en 1989, le ballet du Casse-Noisette de Tchaïkovski chorégraphié dix ans après par Maurice Béjart (qui a dit d'elle : "elle est à cheval entre le savant et le populaire") ou la tournée de La plus Grande Guinguette du Monde, aux côtés d'instrumentistes comme André Verchuren ou Louis Corchia.
Championne de l'accordéon, des bals popus aux clubs branchés, Yvette Horner a abordé classique, country, jazz, pop ou électro dance avec la même maestria, a collaboré avec des musiciens prestigieux comme Samson François, Marcel Azzola, Jack Berrocal, Richard Galliano, Didier Lockwood, Quincy Jones, Charlie McCoy, a enregistré un duo avec Boy George et a participé à l'album Bichon de Julien Doré.
MARIE-JOSÉE NEUVILLE
Dès son plus jeune âge, Josée Françoise Deneuville compose et chante à l’aide de sa guitare. A 12 ans, celle qui se fait désormais appeler Marie-Josée Neuville monte sur le podium du Salon de l'Enfance.
Marie-José Neuville (1938-2023)
A 12 ans, celle qui se fait désormais appeler Marie-Josée Neuville monte sur le podium du Salon de l'Enfance.
Johnny Boy
A 17 ans, elle remporte le concours de la Kermesse aux étoiles grâce à sa chanson Johnny Boy.
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Le monsieur du métro
En 1956, à seulement dix-huit ans, elle écrit et co-compose avec Richard Capez la chanson Monsieur du métro, morceau à la fois frais et insolent qui évoque le harcèlement sexuel d’un « presque octogénaire ». A l’époque, l’œuvre fait grand bruit et lui vaut une grande couverture médiatique, bien qu’il soit finalement interdit de diffusion par le Comité d'Écoute.
En 1958, c’est la rupture. Assurant la première partie des Platters à l’Olympia, libérée de son contrat avec Pathé, elle apparaît sur scène maquillée, en robe moulante, talons hauts et… sans ses nattes ! Le public est terriblement déçu.
Elle part en tournée au Canada et en Afrique, et se reconvertit dans la comédie et l’animation, en radio ou en télévision. En 1979, elle publie son premier roman, La Source perdue. Elle enregistre également de nouvelles compositions qui ne seront publiées qu’en 1998, dans l’album Couleur sépia.
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ANNE SYLVESTRE
Depuis la fin des années 50, Anne Sylvestre chante "la vie, les autres, le triste et puis le gai, l'espoir ou la déprime, la guerre ou la fraternité", pour le plus grand bonheur des bambins et de leurs parents, et de tous ces gens qui doutent.
Anne Sylvestre n’a jamais cessé d’écrire des chansons pour petits et grands avec une plume pleine d’esprit et de pudeur, un grand sens mélodique servi par son arrangeur et complice artistique, François Robert. Dans cette vidéo inédite réalisée en 2018, Anne Sylvestre nous confie ses souvenirs et les grands moments qui ont ponctué sa carrière, ses débuts notamment. Elle y évoque les noms de celles et ceux qui ont compté dans sa vie artistique.
Anne Sylvestre (1934-2020)
Jacques Canetti lui fait enregistrer son premier disque, en 1959. L’année suivante, elle remporte le prix de l’Académie de la chanson française, avant de se produire en première partie de Jean-Claude Pascal et Gilbert Bécaud. Elle sort ses premières chansons pour enfants, les Fabulettes, en 1962. Le premier 33 tours sera pour 1963, ce qui lui vaudra d’être récompensée par Grand Prix de l’Académie Charles-Cros – qu’elle recevra encore trois fois.
Ces "petites fables" dépoussièrent le répertoire des chansons enfantines. Cinquante-cinq ans plus tard, on en compte 300, incontournables. Des chansons « doudou » partagées par déjà trois générations…
> Retrouvez toute l'histoire de ces comptines dans l'exposition "Chansons et contes musicaux pour les enfants"
Les gens qui doutent
En 1973, Salvatore Picciotto l’invite à se produire sur la scène du théâtre des Capucines. Dans la foulée, elle monte son label, Sylvestre (distribué par Barclay), afin de faire ses disques en toute indépendance et à un rythme soutenu.
En 1979, elle dépose à la Sacem une de ses œuvres majeures : Les gens qui doutent.
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Des textes engagés
Si ses textes sont souvent empreints d’humour et de légèreté (écouter Les Blondes, ou ce duo hilarant avec Boby Lapointe), elle met aussi sa plume et sa poésie au service de son engagement.
Elle crée Non, tu n’as pas de nom, une chanson sur l’avortement, alors que celui-ci n’est pas encore légalisé, mais aussi un hommage aux femmes avec Une sorcière comme les autres, en 1975, ou encore ce beau texte métaphorique sur la question du viol : Douce Maison.
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MICHELE VENDÔME
« Mon père, Raymond Wraskoff, était pianiste, chef d’orchestre, orchestrateur, et je n’ai donc jamais envisagé de faire autre chose » (Notes 153).
Pour le plus grand bonheur d’Edith Piaf et de Claude François, dont elle fut l’une des plumes, pour ne citer qu’eux !
Michèle Vendôme (1933)
C’est le début d’une grande faiseuse de chansons, avec les inconvénients qui vont avec, notamment celui de plaire au plus grand nombre : « C’est un métier difficile, on a l’impression de passer son bac sans arrêt ».
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Autrice
Grâce à l’entremise de Florence Véran, elle écrira pour de nombreux artistes : Edith Piaf (Margot cœur gros, Les gens, L’homme de Berlin…), Annie Cordy (Je t’aime), Dalida (Fado et Chaque instant de chaque jour), Sheila (Oui il faut croire, Il faut se quitter)...
Elle a également écrit La Bonne adresse pour chiens perdus et Jamais Tralala Jamais Ohlala, sur les musiques d’Alice Dona.
Dans les années 70, si elle travaille pour Mireille Mathieu, Marie Laforêt ou Régine, c’est avec Claude François qu’elle collabore le plus, avec Aime-moi ou quitte-moi, Comme un jour nouveau, Gens qui pleurent, gens qui rient ou encore Jésus-Christ Superstar. Pendant les années 80, elle fera de nombreuses adaptations de tubes américains.
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