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Hommage
Pierre Mariétan

Pionnier de l'écologie sonore, Pierre Mariétan a façonné une musique à l’écoute du monde. À la croisée des arts et de la philosophie, son œuvre est une brèche d’où nous parvient l’infini du son.

« Aujourd’hui, il s’assoit sur un banc. Et écoute le monde. Puis il s’installe à son bureau et compose. Il écrit pour un lieu donné : une symphonie ne se joue pas dans un placard, et un solo d’abeille se joue dans un parc. » C’est ainsi que débutait en 2016 un long portrait consacré à Pierre Mariétan sur France Culture, une chaîne à laquelle il a offert de nombreuses créations radiophoniques.

Pierre Mariétan a composé plus de trois cents œuvres instrumentales, orchestrales, électroacoustiques et vocales, de Caractères, pour flûte, viole et contrebasse (1961), à Bruissant et sonnant, pour flûte et harpe (1996).
Concepteur d’une « écologie sonore », le plus prolifique des compositeurs suisses contemporains a inscrit le son et la musique dans un ensemble de réflexions philosophiques, esthétiques et poétiques. Son œuvre est émaillée d’initiatives originales, telles que les Rencontres Architecture-Musique-Écologie, créées dans son Valais natal, où sont conservées ses archives musicales ainsi que ses nombreux écrits.

Né le 23 septembre 1935 à Monthey (Suisse), Pierre Mariétan est décédé le 23 mars 2025. Il était entré à la Sacem en tant que compositeur le 6 décembre 1967, puis comme auteur le 25 juin 1992, avant de devenir sociétaire professionnel dans la catégorie compositeur le 9 avril 1981.

Au début des années 1960, Pierre Mariétan étudie au Conservatoire de Genève et au Conservatoire Benedetto Marcello de Venise, où il se forme notamment à l’écriture, au cor, à la direction d’orchestre et de chœur ainsi qu’à la pratique du chant grégorien. De 1960 à 1965, il se dédie à la composition, bénéficiant de l’enseignement de Bernd Alois Zimmermann et Gottfried Michael Koenig à Cologne, où il étudie la musique électronique. Parallèlement, il aborde les rivages fascinants de la création radiophonique au studio de la Westdeutscher Rundfunk (WDR). Il étudie également à la Musik-Akademie Basel avec Pierre Boulez et suit les séminaires de musique contemporaine de Karlheinz Stockhausen à Cologne (1963-1966), ainsi que les cours d’Henri Pousseur à la Rheinische Musikschule (1964-1965).

Pierre Mariétan s’attache ardemment à la transmission et à la pédagogie. Maître de conférences à l’université Paris I puis à Paris VIII de 1969 à 1988. Directeur du conservatoire de Garges de 1972 à 1977, il fonde et dirige le LAMU (Laboratoire d’Acoustique et de Musique Urbaine), installé successivement à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles puis à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette. Plus tard, il se passionnera pour le théâtre, considérant la musique comme un élément dramaturgique à part entière.

Pierre Mariétan avait parcouru le monde et ses universités – Lille, Barcelone, Tokyo, Kyoto, Osaka, San Diego –, sans oublier les Beaux-Arts de Paris ou l’École polytechnique fédérale de Lausanne, poursuivant son travail de rupture et de réconciliation des genres créatifs. La dernière livraison, en 2023, de la revue Sonorités, dont il était un pilier, était consacrée aux installations sonores, car aucun recoin de la création, du paysage au silence, n’échappait à Pierre Mariétan, champion de la musique « à mille voies ».

« Pierre Mariétan n’écrivait pas seulement des notes, il façonnait des espaces sonores. À l’avant-garde de la création contemporaine, il a tracé une voie singulière. Son œuvre demeure une passerelle entre nature et culture, entre silence et résonance. » Patrick Sigwalt, président du Conseil d'administration de la Sacem.

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