Artiste prolifique, Mohamed Rahim a été un acteur majeur de la musique arabe pendant plus de vingt ans. Il a créé des mélodies rythmées et romantiques, évoquant toute une gamme d'émotions : l'amour, le chagrin, la joie, la tristesse et le simple plaisir de danser. Ses chansons étaient pour la plupart des tubes ; elles sont devenues des incontournables de la culture populaire égyptienne, occupant les playlists et traversant les générations. Il est entré à la Sacem en qualité de compositeur le 23 février 2005, en qualité d’auteur le 14 juin 2016, et promu Sociétaire définitif dans la catégorie compositeur le 30 mars 2023. Un véritable motif de fierté aussi bien pour ce grand nom de la musique égyptienne moderne que pour notre société.
Né le 9 décembre 1979, Fahti Moustapha Hassan, dit Mohamed Rahim, est mort subitement à Gizeh, sur les bords du Nil, le 23 novembre 2024. Âgé de 45 ans, il était le fils de la célèbre parolière Ekram El Assi, avec qui il a collaboré sur de nombreuses chansons, comme Ya Ramini Fi Hawak, Wana Wiak ou Eih Yalli Beyehsal. Étudiant à la Faculté d'éducation musicale de l’Université d’Helwan au Caire, il a à peine vingt ans quand il commence à composer. Sa carrière débute en 1998 lors de sa rencontre avec son aîné Hamid El Shaery, chanteur égyptien né en 1961 en Libye, l’un de ceux qui introduisent les synthétiseurs dans la tradition chantée.
Pour lui faire entendre des échantillons de son travail, Mohamed Rahim se rend dans son studio. Il y croise par hasard Amr Diab, star absolue de la musique pop arabe depuis le début des années 1980. En écoutant le jeune débutant en studio, Amr Diab est séduit par une de ses chansons Ghalawtak. Il s’en empare et en fait un succès, traduit en plusieurs langues. Amr Diab, le « père de la musique méditerranéenne » imprime son style sur celui de son cadet : dans des structures mélodiques propres à la musique arabe et à la rythmique de la derbouka, il impose le rock, l’électro, la guitare, les claviers, avec des accents flamencos, latinos…
Leur collaboration sera longue et prolifique, marquée en 2001 par l’obtention par Amr Diab d’un World Music Award, pour son album Aktar Wahed porté par les compositions de Mohamed Rahim. Ce dernier va devenir un compositeur de premier plan, travaillant bientôt avec les plus grandes stars du monde arabe, Warda, Assala, Sherine Abdel Wahab, Elissa, Nancy Ajram, Mohamed Mounir... En définitive, Mohamed Rahim sera l’auteur-compositeur, à part entière ou en partie, d’environ 1 500 chansons.
Mohamed Rahim est également chanteur. Son charme, sa voix modulée et précise sont des atouts manifestes. Il a sorti plusieurs singles, des compilations et un album en son nom. Il a également composé les bandes originales de plusieurs séries télévisées, dont « Hekayet Haya » (L'histoire de Haya). Il a reçu de nombreuses récompenses telles que le « Mohamed Abdul Wahab Award » en tant que meilleur compositeur du monde arabe. En août 2023, l’artiste, qui voulait faire rayonner la pop égyptienne hors de ses frontières, sort une nouvelle chanson intitulée Bara Al-Maqayes sur sa chaîne officielle YouTube : un million de vues en moins d'une semaine pour un titre en forme de peinture amoureuse, mêlant voix orientale et rythmique latino.
L’homme au doux sourire avait envoyé en février 2024 un long message à ses fans sur les réseaux sociaux, annonçant son retrait provisoire du circuit industriel de la musique, afin de voyager et de profiter de sa famille. Au vu des très nombreux messages reçus en retour, il avait renoncé à cette retraite anticipée. Il vient malheureusement de nous quitter pour un long, trop long voyage et laisse des millions d’orphelins de son talent.
« Avec la modernité comme héritage, Mohamed Rahim a su s'installer comme une figure centrale de la musique pop arabe. Compositeur de talent, chanteur habité, il a touché des millions d’âmes avec ses mélodies et ses tubes. Sa disparition, à 45 ans, est une perte immense pour la culture égyptienne et un choc pour le monde de la musique en général. » Patrick Sigwalt, président du Conseil d'administration.
Publié le 25 novembre 2024